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FDESR 62

La FDESR 62 est le porte-parole de l’ensemble des élus socialistes et des élus locaux républicains qui ont choisi de se réunir dans un même mouvement.

Jean Marc Ayrault : Il y a urgence à remettre la République à l'endroit

Après l'adoption de la réforme des retraites en première lecture dans un climat délétère la semaine dernière, le PS organise mardi et mercredi à Pau sa rentrée parlementaire. L'occasion pour le président du groupe SRC (socialiste, radical et citoyen) à l'Assemblée nationale Jean-Marc Ayrault de livrer au Point.fr son analyse de cette rentrée mouvementée pour la majorité. Propos recueillis par Charlotte Chaffanjon.

 


Jean-Marc Ayrault à la tribune de l'Assemblée nationale le 15 septembre

Le Point.fr : Quel message veut faire passer le PS à l'occasion de sa rentrée parlementaire ?

Jean-Marc Ayrault : Le thème de nos journées de rentrée est "La République". Nous avions arrêté cette problématique en juillet mais l'actualité nous conforte dans notre choix ! La République est abîmée dans ses principes, dans ses fondamentaux. Quelles que soient leurs opinions politiques, les Français sont rassemblés derrière ce constat. Le pacte social est défait, comme le prouve le coeur de la réforme des retraites qui touche d'abord les classes populaires et moyennes. La politique fiscale est un symbole d'inégalité, avec le bouclier fiscal qui ne bouge pas. La justice ne peut exercer sa mission en toute indépendance, il n'y a d'ailleurs toujours pas de juge indépendant dans l'affaire Woerth-Bettencourt. On utilise les services secrets pour savoir qui lance des rumeurs sur le couple présidentiel ou pour connaître les sources des journalistes, portant ainsi atteinte à la liberté de la presse. Enfin, on stigmatise une partie de la population. Voyez Nicolas Sarkozy qui va à Bruxelles, soi-disant pour préparer le G20, mais qui parle essentiellement des roms, nous mettant au ban des nations et donnant de la France une image déplorable. Pire ! il nous fâche avec notre partenaire allemand alors que l'Europe est en panne et que c'est par ce partenariat que la situation peut évoluer. Les choses vont dans tous les sens. Il y a urgence à remettre la République à l'endroit.

Le PS a-t-il l'intention de déposer une motion de censure contre le gouvernement ?


La décision n'est pas encore prise. Nous savons que la motion de censure a aussi pour effet de permettre à la majorité de faire bloc. Nous avons d'autres moyens pour continuer à protester. Comme lors du débat sur les retraites où nous avons montré qu'il n'y a pas de fatalité, qu'une alternative existe. Cela va être de plus en plus nécessaire d'ici 2012. Même si on peut penser qu'une majorité de Français souhaite un changement, que Nicolas Sarkozy est dans une situation difficile, il ne s'agit pas simplement de gagner par défaut. Il faut susciter l'adhésion.

Reste-t-il une marge de manoeuvre à l'opposition sur la réforme des retraites ?


Les jeux ne sont pas faits. À l'Assemblée, l'UMP et le Nouveau Centre ont une majorité écrasante. Mais au Sénat, il n'y a pas de majorité. Et puis nos journées parlementaires se tiennent à la veille de la grande manifestation du 23 septembre. Dans le pays, l'envie d'une autre réforme ne faiblit pas. Si le gouvernement et la majorité veulent passer en force, c'est qu'ils craignent que la mobilisation prenne de l'ampleur. Jusqu'à présent, ils n'ont jamais voulu reculer sur les mesures essentielles, à savoir le report de l'âge légal de départ à la retraites de 60 à 62 ans et celui du départ à taux plein de 65 à 67 ans. L'effort de la réforme des retraites est porté à 95 % par les salariés et à 5 % par les revenus financiers. Nous souhaitons un équilibre à 50/50. Ce n'est pas de l'immobilisme, nous voulons simplement une réforme juste et durable.

La semaine dernière, dans un climat de tension extrême, vous avez demandé la démission de Bernard Accoyer de la présidence de l'Assemblée nationale. Maintenez-vous aujourd'hui une telle demande ?

Nous avons demandé sa démission, maintenant c'est à lui de décider. Mais ce qu'a fait Bernard Accoyer est choquant et illégal. Les députés ont le droit à cinq minutes d'explication de vote chacun à la fin de l'examen d'un texte. Ce n'est pas à Bernard Accoyer de décider ce qui est bien ou mal, ce que les députés peuvent faire ou ne pas faire. Nous parlons de forfaiture car il a outrepassé son pouvoir. Nous demandons que l'opposition soit respectée mais aussi que l'Assemblée nationale et que les députés soient respectés. Nous sommes élus au suffrage universel, nous portons une partie de la souveraineté nationale, nous représentons une partie du peuple français. Quoi qu'il arrive, Accoyer sait ce que nous pensons de sa présidence.

Un nouveau texte controversé arrive à l'Assemblée nationale le 28 septembre, le projet de loi Besson sur l'immigration. Quelle attitude va adopter le PS ?

Nous allons mettre en avant des propositions basées sur nos principes. Certes, il faut résoudre le problème de l'immigration, mais pas à n'importe quelle condition. Ainsi, nous allons surtout nous opposer aux dispositions visant à créer deux catégories de Français par rapport à la loi, les mesures de déchéance de la nationalité, en se rappelant des propos de Nicolas Sarkozy à Grenoble, disant qu'il y a 'les Français et les Français d'origine étrangère'. C'est tout à fait étranger à l'esprit de la République.

 

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